Écrire la nuit quand danse le sable sur ta peau endormie
J’ai des mots lourds à poser sur des lignes invisibles.
Je souhaite faire entendre à toutes les oreilles
La sagesse atrophiée d’un amour indicible.
Évanescent sous le soleil, la pluie, le tonnerre
Rien que le passé à la bouche sèche d’une grand-mère.
Les coins bordés à l’autel du sommeil
Sous-Pèsent un grain d’existence
Un grain qui a compté parmi tous les grains
Et que rien n’enlèvera de nos consciences.
Un matin blanc aux nuages opaques
Le temps l’emporte et sur sa fragile épaule je craque.
Un jour, un automate dicte la musique
L’amour de la rigueur, le détail cinglant
Viendra la prendre, la tranchant
De mon monde et la rendra au néant.
Omamie,
Les mains froides ont rangé le tablier
Se sont pliées aux mathématiques organiques,
Dans l’éternel cycle du sablier.
Tu as quitté le lit carré blanc
Cri strident de la dent contre la dent.
Omamie,
Tu peux respirer dans les bras du ciel,
T’ouvrir au dard délicat du repos,
Détacher ton corps de ton âme
Et rendre ton souffle au vent.
Tu sais, tu peux fermer les yeux
Rien ne sert de s’accrocher.
Moi aussi je laisse le temps me rider
Et dans ma paume laisse le temps se dérober,
Le temps qui t’a vu naître
Mais que rien ne rattrape ni ne retient.
La musique des jours pluvieux coule,
Lente visqueuse et amère
pour un soir, un midi, un matin
Rompre l’irrésistible chaîne éphémère
Omamie,
Tu peux calmer la tempête dans tes yeux
Déposer tes lourds habits et étendre ton corps,
Laisser là ce demi-poumon,
Demi-coeur, demi-souffle.
Et t’envelopper dans le duvet des cieux.
Omamie
Se croyait morte avant que de l’être.
Comme toi,
Des milliers de vivants se croient déjà morts
Parce qu’ils ne voient plus trainer leur ombre.
Mais aujourd’hui la grand-mère est partie,
Ne porte plus d’ombre au soleil et repose endormie
Dans l’odeur sereine de la pierre sombre.
Omamie
Ce coffret, indubitablement le bon
contient le visage que j’ai perdu
À l’aube de mes vingt ans.
L’horizon nu
Au balcon de l’océan
L’aurore rouge perle mais il n’y a rien à faire.
Omamie
Défais le noeud et vois tout l’amour qui est pour toi,
L’univers entier que tu n’as pas su prendre dans tes bras,
Il est là, intact, juvénile
Suspendu à l’horizon d’un mur d’argile
Nous saurons casser le fil, le défaire.
Quand à l’aube de ton réveil, nous nous croiserons sur l’échiquier solaire,
L’héritage de ta colère sera l’empire des mots, la consolation reine, l’unité lumière
Omamie
J’irai écrire l’amour à la face du monde et transformer ton chagrin en fête.
Comme toi scorpion, j’ai la force de la vague,
les yeux paillettes de feu.
Omamie la trace que tu laisses, le creux
est immensément vide mais heureux.
© Texte et Aquarelle de Hannah STARCK
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