Le Coquelicot vous propose en exclusivité un poème de Charles Fort-Vert et des photographies de Benoît Cavin sur le thème imposé du feu follet, à l'occasion de la sortie de notre numéro 03 papier.
Photographies, Mouvements 2, 4 et 5, Benoît Cavin
FEU FOLLET n. m. : [...] — Fig. (Litt.). Trait fulgurant de l’esprit, source d’un libellé à vie brève qui s’éteint brusquement dans l’obscurité mémorielle.
° SYN. Aphorisme furtif, formulation spontanée soluble dans l’air ambiant.
° J’écris mon âme comme un fil d’ombre qui explore le papier. ° L’abstraction est un enlèvement de soi par soi : ainsi, on est son propre otage... et son propre gardien. Être double, miroir d’esprit.
° Le paraître est un pare-être.
° L’homme est un mâle nécessaire.
° Avec le GPS, la perception de se perdre se perd. On ne prend plus le temps de se perdre. On ne perd plus de temps. On doit toujours et partout être
« à temps », peine perdue.
° Le Temps est un miroir glissant qui fuit sans attendre l’image qu’il engendre.
° De temps à autres je dégage mon poignet et regarde mon absence de montre pour savoir l’heure qu’il n’est pas.
° Les dogmes cuirassés sont gréés pour une longue traversée sans escale.
° À la sortie des camps, le soleil projetait des ombres déportées.
° Les cathédrales sont des cris d’espoir aux flèches tendues vers le ciel et visant un fragment d’infini.
° Les cieux sont si lents... silencieux.
° Livre, est-ce que tu existes ? L’ivresse que tu existes !
° Les locutions ébouleuses descendent par la gravité du verbe. Il faut que le mot arrache la page.
° Les poètes sont tous des petits hommes-vers.
° L’Art est un ricochet sans fin.
° Sur Terre, t’es rien.
Charles Fort-Vert
Photographie, Mouvement 3, Benoît Cavin
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